« 80 ans de la Sécu…une vieille dame chamboulée mais tant aimée »

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Merci à Nicolas Senèze de La Croix , pour son article :

L'article est réservé aux abonnés. Son auteur y souligne les nombreuses réticences déjà en 1928 : « Cette idée, perçue comme trop « allemande », voit l’opposition des agriculteurs et des patrons qui – déjà – s’émeuvent du coût des charges salariales, des communistes qui critiquent une « escroquerie bourgeoise », des médecins qui s’inquiètent pour leur indépendance, des mutuelles qui craignent pour leur liberté. Et même de l’Église, qui souhaite préserver ses œuvres charitables. Néanmoins, soutenue par la Confédération française des travailleurs chrétiens, et surtout la « vieille CGT », la loi sur les assurances sociales est votée en 1928, mais elle ne concerne alors que les salariés.

L'auteur ne précise pas ensuite qu'en 1948, les mêmes réticences se manifesteront... L’assemblée des cardinaux et archevêques de France exprima de fermes réserves à l’égard de cette seconde chance pour l’affiliation des ministres du culte à la Sécurité sociale sous l’égide de l’État. G. DOLE rapporte ainsi le point de vue de la puissante opposition catholique représentée par Mgr CHAPOULIE qui, certes, jugeait préoccupant le sort déplorable des prêtres âgés, mais « estimait trop onéreux pour leurs diocèses de contribuer au financement de pensions qui leur seraient liquidées à partir de 65 ans. Une « objection particulièrement grave », selon le prélat, tenait à ce que les assurés pourraient devenir électeurs du Conseil d’Administration de leur caisse, ce « qui introduirait dans l’Église une institution incompatible avec son organisation fondamentale ».

Nicolas Senèze cite avec raison : Pour Pierre Laroque, le grand « échec » de la Sécurité sociale est justement de n’avoir jamais su responsabiliser les assurés sociaux. « Ils entrent dans une caisse (de Sécurité sociale) comme dans une banque ou dans un bureau de poste, regrettait-il lors des 40 ans de la Sécurité sociale. À aucun moment, ils n’en ont fait leur chose. » Et le père de la Sécurité sociale n’imaginait pas la carte Vitale, qui dispense même aujourd’hui de la feuille de soins à envoyer !

Mais ici encore, est-ce que cette Histoire telle que rapportée par le Journal La Croix ne laisse un peu trop de côté les responsabilités des catégories réticentes de 1928 et de 1948. En 1977, lorsque que par nécessité démographique, l’Église catholique sollicitait l'affiliation de ses membres à la Sécurité sociale, elle exige un régime « spécial » par lequel elle bénéficie de cotisations moindres et l'exclusion d'un grand nombre des personnes dont elle a la charge... Dans le même temps, elle réclame par des fonds pris sur la solidarité nationale toutes les aides sociales possibles pour ses institutions et ses prêtres et religieux religieuses.

JD