Après le témoignage d’il y a 40 ans, témoignages d’aujourd’hui

En écoutant le Podcast mis en ligne par le Parisen « Témoignage de deux amoureux rejetés par l’Eglise »,

(https://podcasts.leparisien.fr/le-parisien-code-source/202106291647-marc-etait-pretre-ingrid-paroissienne-temoignage-de-deux-amo.html) j’ai repensé à une lettre écrite par Louise. Cette lettre, comme une dizaine d’autres lettres, a été envoyée à tous les évêques de France. La voici :

« Chers évêques de France,

À ce jour, j’ai une tentation, celle du découragement. Car, je trouve que rien ne bouge au sujet de cette règle du célibat obligatoire pour les prêtres. Le pape François continue de vanter les mérites de ce célibat, les évêques n’en parlent jamais sauf pour dire à leurs prêtres qu’il est le fondement de leur engagement, les prêtres n’en parlent pas non plus et les laïcs, qui dans leur immense majorité sont pour l’abolition de cette règle, ne prennent aucune initiative d’envergure pour un changement. Donc, à l’intérieur de l’Eglise, rien ne bouge !

J’avais l’espoir, en devenant adhérente de l’association Plein Jour, que je contribuerai à faire réfléchir et fléchir ceux qui ont le pouvoir dans l’Eglise. Illusion ! Plein Jour aide et soutient les compagnes de prêtres mais n’a aucune influence sur le pape et les évêques. Depuis un quart de siècle, l’association Claire Voie puis l’association Plein Jour dénoncent la règle du célibat sans aucun succès !

Il est vrai que l’association Plein Jour se veut aconfessionnelle. Comment pourrait-elle agir sur un règlement interne à l’Eglise catholique ? Elle agit pour défendre les droits de l’homme, mais les changements dans une religion ne peuvent se faire que de l’intérieur, tout comme un être humain ne changera que s’il l’a lui-même décidé.

Personnellement, je me situe à l’intérieur de l’Eglise catholique, ce qui est le cas de la plupart des membres de Plein Jour. Mais, comme tous les laïcs de cette Eglise, je n’ai aucun pouvoir. Je n’ai même pas le pouvoir de parler. Alors, j’écris, ce qui n’est peut-être pas plus efficace. Car combien d’hommes et de femmes ont écrit sur le sujet ! Sans convaincre !

Oui, j’ai écrit, avec l’ambition (je ne suis sans doute qu’une enfant qui « croit au Père Noël ») de secouer l’Eglise ! J’ai écrit un livre qui raconte mon histoire avec l’Eglise catholique où j’ai été plongée jusqu’au cou depuis ma naissance. Ce livre, je l’ai donné à mes enfants, à quelques amies et à l’homme de ma vie (prêtre). Ce livre, je ne peux même pas le publier, par respect pour cet homme que j’aime. Bref, mon combat, bien silencieux, est celui de David contre Goliath.

Pourquoi êtes-vous si imperméables à cette question ? Ne comprenez-vous pas qu’il est urgent de faire une place à la femme dans l’Eglise ? Ne voyez-vous pas qu’il y a de moins en moins de prêtres ? Ne voyez-vous pas que la façon de fonctionner de l’Eglise est à revoir complètement, à adapter aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui ? Je pense que oui, vous voyez et comprenez cette situation. Mais vous êtes prisonniers les uns des autres, prisonniers de vos habitudes de penser, prisonniers de ce qu’on vous a enseigné. Je sais, changer, c’est très difficile. On le constate avec le réchauffement climatique : tout le monde veut sauver la planète mais personne (ou presque) ne veut changer sa vie ! Pourtant, le désir de Jésus est que nous changions pour gagner en amour : ceci s’appelle la conversion.

Je ne veux pas vous faire la morale. Je sais que votre tâche est très difficile et que, parmi vous, il y a beaucoup d’hommes « de bonne volonté ». Mais je ne peux m’empêcher de crier vers vous pour vous dire mon désarroi. Voulez-vous sauver l’Église ? Voulez-vous que le message de Jésus continue d’être transmis de génération en génération ? Cette année, mon petit-fils a été baptisé, à l’âge de onze mois. Je ne m’attendais pas du tout à cette démarche de la part de ses parents qui m’ont donné cette explication : « Nous n’aimons pas l’Église, mais nous aimons beaucoup les valeurs chrétiennes ». Ne pourriez-vous faire en sorte que l’Eglise soit aussi « aimable » que la Bonne Nouvelle qu’elle veut transmettre ? Je compte sur vous.

 

Bien fraternellement vôtre. » Louise (prénom de substitution)

« Ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas » (Mt 13, 13)

À quand une vraie thérapie dans l’Église ?

Léon LACLAU
Administrateur Plein Jour

...