L’outil est là… faire en sorte qu’il reste opérationnel
Pour ce billet du 1er mars j’avais fait appel à deux militants des années 80 et 90 dont la présence ne s’est jamais démentie ensuite dans les réunions régionales et les assemblées générales de l’APRC… Les déceptions et l’âge sont venus à bout de ces militances exemplaires. Les coups reçus, les vies familiales et sociales autres, ont conduit à tourner doucement la page, et à l’épanouissement d’une vie en chansons.
Dans le même temps, Josiane nous faisait découvrir l’article du Journal La Croix consacré à la Cavimac. Un article en faveur de la caisse, alors que le Journal Le Monde qualifie ce régime « d’étrange système des ministres du culte ». Une vision en effet plus juste au regard de ce que vivent les assurés du fait des engagements non tenus devant porter, dès les années 80, la retraite versée, au niveau du « minimum vieillesse ». Les erreurs d’affiliation et les arriérés de cotisations s’ajoutent à l’injustice fondamentale d’une retraite la plus basse de tous les régimes sociaux, un nouvel article du Journal La Croix sous le titre « Ce que va changer la réforme des retraites pour l'église », évoque enfin ces anomalies et, à propos des anciens il relève qu’au vu de leur profil, la revalorisation serait « plus proche des 57€ par mois que des 100€ annoncés par le gouvernement ». De tous petits pas journalistiques de la part du média catholique vers une authentique évaluation d’un régime tourné vers la satisfaction des cultes en tant qu’employeurs, bien avant celle de l’assuré social pris en tant que tel.
Ainsi donc du côté du Journal la Croix, un début de reconnaissance des réalités occultées par lui, pratiquement depuis les années 80. Peu de procès relayés : les articles étaient régulièrement atténués par le fait qu’il y aurait appel… Or ces jugements furent confirmés y compris lorsque le culte catholique et la Cavimac réclamaient leur cassation. Quant aux retraites liquidées, le propos rappelait l’octroi correctif d’une allocation complémentaire de ressources, mesure de charité (c’est nous qui précisons)… prenant en compte les revenus du ménage et des carrières civiles en lieu et place d’une correction des anomalies fondamentales du régime tant pour les restés que pour les partis.
Des articles à suivre devraient vraiment faire place aux constats douloureux : « Les conjoints veufs se retrouvent avec une aumône (et encore pas accessible à tous !) » «S’il part avant moi, je ne pourrai peut-être pas payer mon loyer » et encore « les "femmes concernées" ne désirant pas se battre au grand jour, pour ne pas "perdre" leur compagnon prêtre ou religieux »....
La démographie fait que les confrères prêtres et religieux restés, sont aujourd’hui en âge avancé, l’APSECC est aux abonnés absents, cf . Les prêtres et religieux religieuses des époques qui furent les nôtres ont 80 ans et plus. Nous suivons le même chemin. Les générations Jean Paul II et Benoit XVI sont infiniment moins nombreuses tout en ayant aussi le même pourcentage de retour à la vie civile… Leurs restés sont déconnectés de la problématique « Sécurité sociale » préférant bien souvent ne pas penser à un éventuel retour à l’état laïc… Ils ignorent notre proposition : un Fonds de régularisations des arriérés dans le cadre d’un donnant donnant : l’augmentation de toutes les retraites liquidées du régime des cultes mais l’engagement des diocèses et collectivités à consacrer une partie des surplus reçus à l’abondement du fonds préconisé. A la différence des fondateurs de l’APSECC demandant l’intégration au Régime général, cette nouvelle génération ignore les critiques de leurs ainés et sont indifférents aux modalités de départ, ne serait-ce qu’aux réalités « du taux plein » exigé pour la liquidation de leurs retraites de « polypensionnés » (ce qui est devenue la règle aussi pour eux). Les défauts d’affiliation conduisent inexorablement à l’impossibilité des liquidations de droits à l’âge légal sauf lourdes pénalisations. Ces nouvelles générations ne se rendent pas compte des mauvaises applications du temps partiel par la Cavimac au regard de ce qui est fait par tous les autres régimes imposant cotisations pour les deux ou trois activités de « temps partiel » par les deux ou trois Caisses. Leurs congréganistes acceptent également l’absence de retraite complémentaire pourtant obligatoire pour tous.
Dans les communautés fondées pendant ou après la mise en place de la loi, les erreurs d’affiliation mériteraient de véritables investigations journalistiques, tant elles impactent la vie présente et future de celles et ceux s’adressant aux associations de victimes. Nous espérons donc une couverture médiatique attentive aux carences du régime Sécurité sociale tel que managé par les autorités cultuelles.
« Rien de nouveau sous le soleil »… Les victimes sont appelées au combat renouvelé : l’outil APRC est riche de son histoire, d’expériences connues et muries, de déceptions mais aussi d’avancées. Nos fondateurs ne s’inscrivaient pas dans une telle durée, une deuxième génération avait pu reprendre le combat, une troisième est au pied d’une oeuvre dont les fondations ont été consolidées.
Jean Doussal
Merci à toi, Jean, et à tous celles et ceux qui travaillent pour nous à l’APRC… Je rejoins totalement votre action en espérant que l’Etat (sénateurs et autres) seront positifs… mais en n’ayant plus grande confiance dans cette Eglise Catho qui nous a « employés » et salariés, alors qu’elle devrait soutenir et et « redresser » si besoin l’action de la CAVIMAC… Comme me l’a dit un jour mon père (devenu sacristain dans la paroisse où j’étais vicaire) : » Bernard ! ce n’est tout de même pas çà, Jésus-Christ ! «
Jean-Louis Didelot ! Chouette de vous retrouver ici … J’espère que vous reviendrez de temps en temps !
(C’est vous qui m’avez orientée vers l’APRC, il y a une dizaine d’années : dur, dur, d’aller en justice toute seule …).
continuez à vous battre, même si l’alliance du sabre et du goupillon ne m’inspire aucune confiance! Pierre adhérent de la toute première heure n’aura pas vu le fruit de ses combats!!
bravo pour le site permettant à chacun de s’exprimer et aux « vieux » d’avoir des nouvelles des copains : je viens ainsi d’avoir le plaisir de voir qu’Yves Leray est toujours dans le combat!!
Merci Jean, je partage ce constat, en rappelant juste une tranche d’histoire : La CAMAC (Caisse maladie des Cultes) et la CAVIMAC (Caisse vieillesse des Cultes) ont été créés le 2-1-1978 dans le cadre de la loi de généralisation de la Sécurité sociale (les dernières catégories de citoyens ne relevant d’aucun régime étant les agriculteurs et les artistes), MAIS par une entourloupette de dernière minute, à savoir l’interversion de l’Ordre du jour à l’Assemblée nationale, sans quoi nous serions – quand même – entrés dans le lot commun, les articles concernant les clercs étant votés AVANT ceux de la généralisation… C’est dire la collusion des évêques avec le pouvoir… de droite… Bravo la laïcité !
Sachant qu’à la création de la Sécurité Sociale en 1945, l’Eglise réformée de France, la Communauté juive et d’autres groupes religieux ont intégré de plein droit le Régime général, ce que l’Eglise catholique a toujours refusé, faisant voter en 1950 « sa » loi Viatte, nouvelle colllusion avec le pouvoir.
La création de l’APSECC en 1979 a été initiée par le GREPO, l’Arbresle, les frères des écoles chrétiennes, etc. qui ont accompli un énorme travail, mais nous n’avons jamais pu avoir de représentants dans les CA de nos Caisses, la CEF et la CORREF se déclarant seuls décideurs en nos lieu et place, ce qui est resté pour nous particulièrement choquant et infantilisant. Mais nous avons toujours mené l’action dans le sens de l’harmonisation des Régimes, ainsi pour le Tiers-payant, la retraite complémentaire… partagé le combat des organisations ouvrières, rejoint l’APRC pour exiger et obtenir la validation des trimestres de grand séminaire, saisissant la Commission de recours amiable de la CAVIMAC, le tribunal de la Sécurité sociale, jusqu’à la Cour de cassation ! Nous sommes fiers de ces combats et de ces acquis, mais comme tu l’écris, l’âge très avancé de nos ressortisssants fait que la plupart ont baissé les bras, sachant que les rares jeunes sont le plus souvent identitaires et dans le système (victimes du système), sans compter les prêtres « importés »…
Ceci dit, il reste en France plusieurs régions qui continuent à s’organiser, y compris avec les copains-copines en EHPAD, pour garder et tenir nos convictions : Rhône-Alpes, Lorraine, pays de Loire… Nous restons en lien, visitons les plus dépendants, communiquons par téléphone, nous appuyant les uns sur les autres, présents de corps ou de coeur dans les manifs. Comme dit la JOC, « Aujourd’hui prépare demain ! »
Merci beaucoup pour ton message Jean Louis d’abord il nous dit que l’APSECC existe encore par ses militants. Tout à fait d’accord aussi sur le rappel historique que tu fais, à savoir le travail très important de Grepo, de l’Arbresle et les frères des écoles chrétiennes dans les débats de 1972 à 1977 et d’ailleurs aussi ensuite pour que les clercs rentrent dans le régime général, comme l’avait fait en 1948 les pasteurs de l’Eglise réformée et les rabbins
L’APRC vous doit également sa propre naissance: car c’est vous qui nous aviez mis en garde: « si vous ne vous défendez pas vous-mêmes personne ne le fera pour vous. »
Tout à fait d’accord également avec ce qui est dit sur les prêtres qui ont pris la relève.
Bravo Jean. Je signe à deux mains ton propos et attend avec impatience les interventions à ce sujet des sénateurs. Auront-ils le courage de dénoncer les agissements de la Camivac ? Yves