Réponse à l’article du journal La Vie du 31 mars 2023
D’abord, merci au journaliste Timothée de Rauglaudre qui s’est penché avec rigueur sur la question des droits à retraite des sortants de collectivités religieuses. Permettez-nous quelques compléments, réflexions ou rectifications.
Les communautés « anciennes » sont elles aussi concernées
Ce qui m’a le plus frappé dans cet article, c’est l’accent mis sur les « communautés nouvelles » : les collectivités religieuses anciennes ne seraient pas concernées par les cotisations vieillesse impayées. Or font appel à l’APRC d’anciens prêtres, d’anciennes Carmélites, Bénédictines, Annonciades, Clarisses, Dominicaines, et j’en passe. Il s’agit pour eux de temps de postulat, noviciat ou d’années passées à l’étranger, pour lesquels aucune cotisation n’a été versée et qui génèrent des décotes importantes sur leurs pensions de retraite.
Plus de cent procédures judiciaires gagnées
Deuxième point : le journaliste de La Vie explicite avec vérité la situation d’une ancienne de Points-Cœur et d’une autre de la famille de Saint-Joseph, qui ont fait appel aux tribunaux et qui, en première instance, ont été déboutées. C’est oublier la centaine de procédures judiciaires (dont quarante jusqu’en Cour de cassation) que nos adhérents ont menées avec succès depuis 2005.
Le chiffre de 25 dossiers que suivrait actuellement l’APRC est sous-évalué : il s’agit de plus du double. La différence s’explique : tous les dossiers n’en sont pas au même stade. Alors que certains démarrent tout juste au niveau administratif, d’autres en sont à la saisine de la CRA (commission de recours amiable), prélude à une éventuelle action judiciaire, d’autres sont déjà devant la justice, dont un en Cassation.
Des communautés reconnues du bout des lèvres…
Les anciens de communautés nouvelles subissent les tergiversations des autorités ecclésiastiques – auxquelles obéit scrupuleusement la Cavimac… - qui ont attendu des verdicts judiciaires pour se décider à reconnaître les dites communautés comme « cultuelles », et donc d’accepter de les affilier à la Cavimac. Il est exact de citer les statuts de 1994 des Béatitudes, refusant de payer des cotisations, mais il faut ajouter que la communauté, fondée en 1973 avait déjà vingt ans… Lorsque, enfin, elle a été admise à la Cavimac en 2001, manquaient vingt-sept ans de cotisations…
Le père Christophe Meyer, cité par le journaliste de La Vie, a un certain culot d’alléguer une absence de reconnaissance canonique pour justifier de la non affiliation à la Cavimac : il oublie trois choses : la loi civile, d’une part ; le fait que ces communautés nouvelles ont bel et bien un statut canonique, même si elles ne sont pas instituts de vie religieuse ; et il efface purement et simplement les laïcs vivant dans les dites communautés. L’Église catholique a été ravie de profiter de la vitalité apportée par ce renouveau, mais sa prudence l’a conduite à oublier les droits sociaux des personnes, et ce pendant plusieurs décennies.
Concernant Monsieur Varnier, contentons-nous de souligner les termes employés par le journaliste de La Vie : « sans pouvoir entrer dans les détails »… ! Ah bon ! Il est tout de même directeur de la Cavimac.
Tous ces oubliés… dont la vie religieuse a « compté pour du beurre »…
Pour ce qui est des Moniales de Bethléem, de l’Assomption de la Vierge et de Saint-Bruno (excusez du peu…) il a fallu, avant qu’elles ne consentent à payer des arriérés de cotisations pour leurs anciennes, que certain(e)s fassent aux tribunaux, une enquête canonique, suivie de mise en place d’une « cellule d’écoute », puis d’une autre commission. Le tout s’est déroulé entre 2006 et 2022, soit seize ans… (cf. article paru dans Golias Hebdo n° 721)
Je ne pense pas que les Moniales de Bethléem se soient préoccupées de contacter toutes ces femmes qui, ayant fait des séjours plus ou moins longs dans la communauté, n’ont encore rien demandé… Cette remarque vaut pour des milliers de personnes qui ont fait des essais de vie religieuse dans les divers diocèses et collectivités religieuses de France et de Navarre.
Christiane Paurd
Je découvre avec stupeur le billet du 1er mai.
Le ton critique de ce billet, présenté comme une “réponse” à l’article de La Vie est tout à fait déplacé.
En effet, Thimothée de Rauglaudre a présenté avec clarté notre combat pour une juste retraite des anciens membres des cultes en prenant quelques exemples significatifs. Il a médiatisé notre action. Et ce, dans une revue catholique. Qu’il en soit remercié.
Cet article mériterait, avec l’accord de l’auteur et de l’éditeur de La Vie, de figurer sur notre site.
Il ne faut pas oublier qu’il est aussi l’auteur, avec J. L. Adénor, du livre “le nouveau péril sectaire”.
Nous menons le même combat.
Que l’on veuille élargir le débat, apporter des compléments, pourquoi pas.
Il s’agit sans doute d’une maladresse ou d’une information insuffisante, mais le billet ne peut rester tel quel sur notre site. Il appelle de nécessaires modifications de ton et d’expression.
Personnellement, ce qui m’ennuie à la lecture de la réponse de Thimothée de Rauglaudre, c’est que manifestement, il s’est renseigné auprès de l’APRC, notamment au sujet des procédures en cours, et voici qu’un membre de l’APRC vient démentir les renseignements fournis par les représentants de l’Association …
Vu de l’extérieur, on peut tout de même se poser quelques questions (que je me suis parfois déjà posées, je l’avoue).
Et puis, je me suis arrêtée sur cette phrase de la réponse ci-dessous de l’auteur de l’article : « le fait le plus intéressant ressortant de ces témoignages est selon moi le discours spiritualisant et “sectarisant” qui a nourri dans certaines communautés le refus de payer les cotisations retraite ». Voilà, il s’est arrêté sur l’aspect proprement sectaire des communautés actuellement sur la sellette et cet aspect – qui attire beaucoup l’attention actuellement – va plus loin que la simple question des retraites. Je pense que c’est de cela que traite principalement l’auteur de l’article.
Bravo pour cet article très clair.
Pour Bethléem, j’espère que les démarches en cours auprès de la « commission » aboutiront … : Ces gens jouent toujours la montre.
Timothée de Roglaure, auteur de l’article de La Vie, répond :
Je n’avais pas encore lu votre réaction à mon article, je viens de le faire. Je vous remercie d’avoir pris le temps d’apporter certains compléments.
Je dois dire que je suis un peu surpris de certaines tournures de phrases. En effet, toutes les informations sur l’APRC citées dans mon article proviennent de MM. Mouton et Auvinet. C’est d’eux que provient le chiffre de 25 dossiers judiciaires en cours. Tout comme la mention du fait que la majorité des dossiers suivis aujourd’hui concernent des communautés nouvelles.
Je n’écris nulle part qu’il n’y a aucun problème avec les communautés « anciennes ». Je ne fais que décrire la situation actuelle ; de fait, toutes les anciennes religieuses interrogées proviennent de communautés nouvelles, ce qui n’est pas une volonté de ma part mais le fruit naturel de ma recherche de témoignages, qui ne ciblait pas spécifiquement.
Cependant, le fait le plus intéressant ressortant de ces témoignages est selon moi le discours spiritualisant et « sectarisant » qui a nourri dans certaines communautés le refus de payer les cotisations retraite.
Concernant M. Varnier, il a précisé ne pas pouvoir entrer dans les détails sur les motifs de la non-affiliation de Points-Cœur à la Cavimac en raison de la confidentialité de la procédure. Qu’il faille lui accorder du crédit ou non, c’est un autre sujet qu’il ne m’appartient pas de trancher.
Pour conclure, le travail d’un journaliste est toujours limité en taille et en temps d’enquête ; il est donc fatalement frustrant pour certaines des personnes interrogées. Ici, il ne s’agissait pas de rendre compte de l’ensemble des activités menées par l’APRC, pour laquelle j’ai beaucoup de respect. Étant donné mon espace limité, j’ai choisi de me concentrer sur les communautés nouvelles, qui me semblaient représenter une tendance lourde et spécifique, à la fois au vu de mes entretiens avec les membres de l’APRC et des différents témoignages recueillis.
Je vous laisse libre de juger si ma réponse vaut la peine d’être publiée sur votre site ; en tout cas, je pense que celles et ceux qui vous suivent pourraient être intéressés par ces précisions.
Bravo pour votre engagement en tout cas.
et j’ajoute : Merci, Monsieur ! Quoi qu’en dise ce « billet », la parution de votre article a ravi les adhérents de l’APRC ! et j’en souligne à nouveau la rigueur et l’honnêteté.
Merci, Christiane pour ce commentaire de l’article de La Vie. Mais tous les membres de l’APRC ne sont peut être pas – et c’est mon cas – abonnés à ce journal. Serait-il possible de disposer de cet article ?
Est-ce que le journaliste mentionne que certaines communautés font bénéficier, en tout illégalité, leurs membres de la CMU-C afin qu’il aient une couverture maladie à défaut d’annuités de retraite ?
François
bravo pour cette réponse, j’espère qu’elle sera publiée dans la Vie (droit de réponse?) ce qui permettrait aux lecteurs très souvent non avertis de ce problème de retraite d’être informés!
Merci pour ce billet. Pour avoir dûe être en contact avec le père Meyer pour ma démarche auprès du S.A.M. (Service d’Accueil et de Médiation) dont il était responsable, j’ai pu faire les mêmes constats : éluder, oublier, faire silence, voir mentir… mais n’est ce pas le mode de fonctionnement de la plupart des personnes en responsabilité dans l’Eglise ?
Effectivement Guillemine, le père Meyer fait partie des nouvelles figures décisionnaires de l’Église de France. Il est secrétaire adjoint de la CEF plus directement en charge de nos problématiques… Il est aussi Administrateur à la Cavimac. Il n’a pas une véritable connaissance de l’Histoire qui avait conduit à la loi du 2 janvier 1978, il n’assume pas vraiment les erreurs commises, en matière d’affiliation, il est de ceux qui cherchent à sauver le système… de la faillite financière.
C’est désarmant de voir combien ces prêtres et religieux issus des générations Jean Paul II et Benoit XVI, prennent en charge le destin d’institutions encore riches de réserves financières, mais incapables de faire revenir les donateurs… sauf par des procédés comme les legs… dont la publicité devient rebutante sur les ondes lorsqu’ elle donne la voix à une femme plutôt bigote. Il serait tellement plus vrai et prophétique d’utiliser les réserves encore disponibles à indemniser toutes les victimes, Commencer à attirer par les réformes profondes apportées au dogmatisme et aux pratiques ne correspondant ni au temps présent, ni au souffle nouveau que la vie de Jésus de Nazareth implique, voilà ce que beaucoup d’entre nous disent… mais nous restons avant tout réalistes et combatifs..