Gisèle nous rapporte cet écrit qui n’a pris aucune ride… Un témoignage parmi tant d’autres.

Lors d’une visite pastorale dans une paroisse du Morbihan, le présentateur du « groupe d’animation paroissiale » avait impressionné l’évêque. Celui-ci le reteint pour un échange. Le vieil adhérent de l’APRC, fit découvrir son passé de curé de la cathédrale de St Brieuc, et ses engagements dans la vie de couple et la vie civile, après sa « réduction à l’état laïc ». Mgr Centène devint blême, puis reprenant ses esprits il conclut quel gâchis ?

Lettre à Jean-Paul II 21/04/1980

Très Saint-Père,

Puisque l'occasion m'en est donnée, je voudrais vous faire une confidence et vous poser une question.

D'abord, la confidence : Je vais très bientôt épouser l’homme que j'aime !

Et alors, me direz-vous ?

Et bien, lorsque je serai devenue sa femme, l'Église de France comptera un prêtre de moins.

Bien sûr, ce ne sera ni la première fois, ni la dernière que cela se produit : nombre de prêtres français se sont mariés ces dernières années.

Vous me direz que vous êtes parfaitement au courant de tout cela : certainement et certainement mieux que moi, puisque c'est vous qui possédez les dossiers et les chiffres !

Mais, voici ma question : Pour quelles raisons sérieuses préférez-vous laisser partir tant d'hommes encore jeunes plutôt que d'accepter qu'ils se marient, si telle est la condition de leur épanouissement ?

Ne me parlez pas de tradition millénaire de l'Église : si l'on pouvait faire croire aux chrétiens, il y a quelque temps, que le célibat ecclésiastique existait depuis l'origine, il n'en est plus de même aujourd'hui où nombre de recherches prouvent le contraire.

Question de disponibilité ? La disponibilité est une qualité de cœur ; Elle n'est pas fonction de la situation matrimoniale d'un individu !

Volonté de Dieu ? Trouvez-vous vraiment logique, au nom de Dieu, d'exalter l'amour de deux jeunes époux « ordinaires » et de considérer par ailleurs comme une trahison le mariage de l'un de vos prêtres ?

Je crois que le célibat peut avoir une valeur pour certains individus (par forcément prêtres) mais je crois également que d'en avoir fait une obligation pour tous et surtout de vouloir la maintenir contre vents et marées, est une erreur.

L'amour est la plus belle chose au monde. Dieu est amour répète-t-on souvent dans nos églises. Alors, comment l'amour d'un homme et d'une femme pourrait-il déplaire à Dieu ?

Le Dieu auquel je crois n'a pas besoin de sacrifice et il ne peut condamner aucun amour !

Je ne vous convaincrai pas, si tant est que vous lisiez jamais cette lettre.

Je voulais simplement vous dire que j'aime un homme qui est votre serviteur pour encore tout juste quelque mois, que je trouve dommage qu'il doive quitter le service de l'Église et des chrétiens parce qu'il m'aime, parce que nous ne voulons plus vivre dans la clandestinité, parce que nous voulons des enfants : Et aussi que nous vivrons sans le sacrement de mariage puisque, si j'en crois la presse, les demandes de réduction à l'état laïque dorment d'un sommeil que l'on dit profond, sur un bureau du Vatican.

Dieu sera seul juge et je suis intimement persuadée que nous serons jugés sur l'amour et non sur la loi.

C'est pour moi tout le message de Jésus-Christ.

PS. Je n'ai eu aucune réponse à cette lettre et nous sommes mariés depuis plus de 40 ans