Affaires Santier et Ricard

Affaires Santier et Ricard

Est-ce que la coupe est pleine ou est-ce que l’abcès est en train d’être percé ?

Laquelle de ces deux expressions est la plus proche de ce que je ressens après les nouvelles révélations sur les évêques Santier, Ricard et les autres ? Sans doute les deux en même temps.

Il y a une dizaine d’années j’ai demandé le sacrement de réconciliation à un prêtre de passage dans une petite station de montagne où habite ma mère. J’ai commencé par « planter le décors » par honnêteté en me présentant comme quelqu’un qui vit depuis plusieurs années une relation amoureuse sans être mariée. Puis j’ai poursuivi avec ce qui me semblait le plus important aux yeux de Dieu à savoir mes manques d’amour. Le prêtre est toutefois resté bloqué sur mon introduction et m’a même dit qu’il hésitait à me donner l’absolution. Son hésitation m’a heurtée et blessée. Nous étions au tout début de la révélation sur les abus sexuels dans l’Eglise. Je ne lui avais pas dit, car le considérais comme hors sujet dans le cadre de cette confession que j’avais donnée 7 ans de ma vie dans un monastère… J’y étais entrée séduite voire manipulée et en suis sortie par pertes et profits sans une aide.

Ce prêtre était à l’époque responsable de la formation des prêtres de l’Emmanuel. Cela laisse songeur et je dois dire que j’ai mis des années, choquée, blessée pour revenir vers un prêtre dans le cadre de la confession.

Alors ces révélations qui se succèdent avec des scandales touchant jusqu’aux évêques provoquent de la colère en moi.

Mes parents, croyants ont été exclus de la communion car divorcés remariés. Pourtant mon père, croyant, lui aussi blessé par cette situation, a voulu sur son lit de mort réciter la prière à Marie et ma mère continue à pratiquer mais sans communier même si sa situation le lui permettrait à nouveau. Qu’est-ce que cela signifie après toutes ces années d’exclusion ? Elle aurait avant tout l’impression de trahir son mari.

Oui je suis scandalisée, blessée par ces pasteurs qui font ainsi peser un joug sur les épaules dociles des fidèles alors qu’ils n’ont même pas la force de le porter eux-mêmes. Pire ils sanctionnent des fétus de paille et en secret se livrent à des actes pervers que la justice des hommes condamne. De la boue dans les yeux et dans le cœur n’aide pas pour guider les fidèles selon l’Evangile.

Mais il y a un autre scandale qui va éclater tôt ou tard dans l’Eglise. C’est le scandale de la retraite de ceux qui ont quitté le sacerdoce ou la vie religieuse. Quasi tous passés par profits et pertes l’institution les a rejetés et laissés le plus souvent dans la nature ou parfois le caniveau. Pourtant ceux que je connais via le groupe APRC dont je fais partie ont quitté le sacerdoce par honnêteté et/ou pour répondre à un amour véritable en toute transparence. La Croix devrait enquêter là-dessus. On est loin de l’Evangile et de la charité et c’est même une autre injustice.

C’est la veuve pauvre qui met quelques piécettes, tout ce qu’elle avait pour vivre, plutôt que le riche imbu de lui-même et apparemment généreux, que le Seigneur regarde avec tendresse.

Vous pouvez publier cette lettre en tout ou partie dans le courrier des lecteurs. Cela m’honorerait tant ce journal m’est précieux et vital.

V ANDRE

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