Une AG qui a créé la surprise…
Le dimanche 22 mai, dans le TGV qui me ramenait de Paris, au retour de l'AG, j’envoyai sur mon portable un message à notre ami Christian, contraint de rester à la maison en raison du Covid. Je tentais de résumer mes impressions en quelques mots : « Encore une belle AG, pleine d'heureuses surprises. Un CA renouvelé avec l'élection de Maryse et l'arrivée de 2 "regardantes" : Sophie et Brigitte. Un super apport de l'avocate Nadia Debbache. Et la création d'un groupe de travail pour entrer en contact avec les associations de lutte contre les dérives sectaires en vue d'une rencontre pour définir ensemble une charte de partenariat sur la défense des droits fondamentaux. L'échange sur le site internet a été plutôt positif. On en reparlera. Tout ça pour dire que tu nous as manqué. Prends soin de toi. À bientôt. Amitiés ».
Oui, on peut le dire. Démarrée dans un climat où pesaient de nombreuses incertitudes face à l’avenir, cette AG 2022 aura créé la surprise. Lors de notre dernière rencontre d’équipe locale à Lyon, le 18 juin, les autres participants de notre région partageaient au fond le même ressenti.
« Ma première impression en arrivant à l'AG a d’abord été la surprise devant le petit nombre des participants, raconte Marcel. J’avais en tête le souvenir des AG passées. Mais cette impression a été vite corrigée et oubliée en constatant la vitalité des personnes en présence et la qualité des échanges. Il n'empêche que l'on ne vient pas seulement à l'AG pour honorer les statuts. On vient aussi pour faire des connaissances nouvelles et revoir les amis avec lesquels, pendant des années, on a lutté pour une retraite convenable ». Et Marcel, avec son âme de poète, d’évoquer les paroles de la complainte de Rutebeuf : « Que sont mes amis devenus
que j'avais de si près tenus, et tant aimés…. ». C’est vrai, à chaque assemblée générale, nous constatons, non sans tristesse, que les rangs s’éclaircissent et en même temps nous avons la surprise de découvrir au moins deux ou trois visages nouveaux.
« A cette AG, on a senti que l'APRC est à un tournant de son évolution, commente Camille. La plupart des nouveaux adhérents sont encore en activité professionnelle et sont donc dans la position « normale » pour se préoccuper de la retraite. Ils se tournent vers l’APRC, en raison de l’expertise que celle-ci a acquise à ce sujet, en particulier pour la validation des trimestres. Par contre, leur situation montre que la retraite n'est pas le seul, ni même le principal sujet de préoccupation. Les personnes qui sortent des communautés ont à affronter bien d’autres difficultés, notamment se libérer de l'emprise subie pendant des années, et des blessures causées par toutes formes de maltraitances physiques et psychologiques, etc. L'AG a reconnu l’urgence pour l'APRC de développer ses alliances avec d'autres associations plus compétentes qu'elle dans ces domaines ». La surprise a été que non seulement une orientation a été votée dans ce sens, mais un groupe de personnes s’est constitué pour concrétiser cette approche. Des démarches sont en cours auprès de nos partenaires. Concernant les personnes qui quittent la vie religieuse, Jeany souligne la difficulté à se loger et nous expose une proposition pour favoriser la location d’un logement en accès à la propriété. Une proposition qui serait à travailler en commun avec, pourquoi pas la Corref, mais aussi des organismes comme Habitat et Humanisme, spécialisés dans ces questions. Signe que des idées nouvelles peuvent germer. On en reparlera.
De son côté, suite à l’AG, Jean fait le constat que « l'opinion publique a évolué depuis les premières années de l'APRC. Le travail accompli par une association comme La Parole Libérée au moment de l'affaire Preynat et la notoriété qui s'en est suivie ont montré que désormais on pouvait alerter l'opinion publique au nom des droits fondamentaux sans que ce soit l'aspect religieux ou ecclésiastique qui soit mis en relief ». Sur ce point, le topo de Maître Debbache a ouvert la voie pour élargir les bases juridiques de notre action.
« Ceci dit, poursuit Jean, la relation avec la Cavimac reste complexe. En particulier la tracasserie administrative qui consiste à faire produire des documents censés déjà être connus d'elle, dans le but de tout régler au niveau de la Commission Règlement Amiable. Pour l'instant, il faut rester prudent sinon méfiant ». A cela, il faut ajouter qu’actuellement la caisse serait en train de mener des tentatives visant à changer les termes de la loi.
Bien sûr, on ne peut que se réjouir des heureuses surprises que nous a offertes cette AG 2022. Mais après plus de 40 ans d’existence de notre association, nous savons bien que le combat pour la justice réserve parfois aussi de mauvaises surprises. La vigilance fait désormais partie de notre ADN. A ce propos, l’assemblée générale a réaffirmé la nécessité d’inscrire notre action à l’intérieur du combat mené aujourd’hui dans notre société par diverses organisations de retraités (syndicales, associatives) pour la défense et l’amélioration des droits à la retraite. Un récent billet de Jean Doussal sur notre site a lancé la réflexion à ce sujet. Le débat doit se poursuivre au sein de l’APRC et déboucher sur des initiatives concrètes dans ce sens.
Des anciens s’en vont, leur mandat achevé. Certains ont prolongé le leur d’une année pour assurer la continuité. On a vu de nouveaux visages se lever pour prendre le relais. La relève, malgré tout, reste encore timide. Des incertitudes continuent à peser sur l’avenir de l’association. Nous en sommes conscients. D’autres manières de travailler, de nouvelles formes d’action sont à rechercher. L’appel pour la relève des administrateurs à la Cavimac est pour l’instant resté sans réponse. L’avenir n’est donc pas tout rose. Mais l’a-t-il jamais été ? Cette assemblée générale aura au moins fait naître en nous une certitude : des potentialités existent. Et un espoir. L’espoir que, malgré le petit nombre, l’APRC réussisse encore à nous surprendre par sa capacité à inventer de nouveaux chemins pour rester vivante et combative !
Michel NEBOUT, Marcel et Camille CHOCHOIS, Jean DESFONDS (Groupe local Ain-Rhône-Isère), 27 juin 2022.
Merci pour ce compte-rendu très intéressant et encourageant. 0n peut en effet ne pas venir à l’AG, pour des raisons diverses, et n’en être pas moins présent à l’APRC, son action, ses membres …
Ci-après, deux petits commentaires à ce que je viens de lire :
« Les personnes qui sortent des communautés ont à affronter bien d’autres difficultés, ……. L’AG a reconnu l’urgence pour l’APRC de développer ses alliances avec d’autres associations plus compétentes qu’elle dans ces domaines. …. »
Sur ce point, et à mon avis, il convient d’être circonspect : une association comme telle n’est pas un label de qualité, ni de compétence, ni d’efficacité. La façade est généralement lisse et le discours engageant ; mais les membres, même fondateurs, ne sont pas forcément au-dessus de tout soupçon. Et dans le domaine qui nous occupe ici, il n’est pas rare que l’on tombe sur des personnes en quête de reconnaissance pour elles-mêmes et/ou d’une réponse à leurs propres préoccupations. Les dégâts peuvent alors être considérables, les demandeurs d’aide étant souvent des personnes dont la confiance en soi et l’autonomie du jugement ont été ébranlées par des années d’abus d’autorité et autres.
« … Concernant les personnes qui quittent la vie religieuse, Jeany souligne la difficulté à se loger et nous expose une proposition pour favoriser la location d’un logement en accès à la propriété. Une proposition qui serait à travailler en commun avec, pourquoi pas la Corref, mais aussi des organismes comme Habitat et Humanisme, spécialisés dans ces questions … »
Quelle bonne idée ! Le logement, c’est en effet une grosse difficulté, en raison de son coût tout d’abord (et, pour commencer, de la nécessité d’avoir une fiche de paie, une caution, etc …), mais aussi à cause de ce que cela peut parfois représenter, lorsqu’on n’a plus de racine nulle part et que l’on a seulement disposé pendant des décennies – et sans douleur aucune – de la « sobriété » d’une cellule monastique, ou parfois même d’un dortoir.
Des difficultés d’une réinsertion sociale atypique …
Merci encore pour ce beau billet.