Chansons

J’ose une confidence !

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 Parmi les nombreuses raisons qui ont fait que ma femme et moi avons opéré un rapprochement, il y eut incontestablement notre commun intérêt pour la chanson !

Ode, dont la petite grand’mère fut jadis chanteuse de rue, s’est livrée dès son plus jeune âge à ce processus mystérieux qui la fait régulièrement s’isoler lorsque quelque évènement ou quelque rencontre la percute : elle accroche alors, dans un seul mouvement étalé parfois sur des semaines, des mots évocateurs à une mélodie. Les deux naissent ensemble, composant un petit bijou…

Quant à moi, j’ai été fasciné, dès l’enfance également, par ce mariage du verbe et de la musique avec, je le confesse, un penchant très précoce pour l’œuvre de Brassens qui voisinait sans dissonance particulière avec les cantiques de l’église du village et de la chapelle du petit séminaire…

Oui, nous avons tous deux un intérêt profond pour ce « petit format » qui – lorsqu’il ne se décline pas en anglais ! – peut toucher l’illettré comme l’universitaire et s’installer pour toute une vie dans ses pensées.

Aussi ai-je répondu immédiatement « oui » à Jean-Pierre Mouton lorsqu’il m’a demandé d’animer en chansons la veillée du samedi de notre AG. Nous ne savions pas alors qu’une pandémie nous amènerait à différer le projet, en le faisant curieusement coïncider avec le centenaire de la naissance de notre moustachu national !

Ode et moi chanterons donc Brassens à l’AG de l’APRC.

Vous verrez combien nous pouvons nous sentir proches de l’anticlérical fanatique !

Proches de la philosophie de son « Don Juan » inattendu qui met un point d’honneur à séduire celles qu’ignorent tous les gens sensés :

Cette fille est trop vilaine, il me la faut !

Proches de la théologie de son curé hors norme qui boute hors du temple sacré la sainte famille Machin et s’en va célébrer son eucharistie devant celui qu’ils ont pendu :

Ce jour-là, le rôle du Christ,

Bonne aubaine pour le touriste

Était tenu par un pendu…

Pas de discours moralisateur ou de froides statistiques sur les exclus, mais une invitation à retrouver une chaude humanité…

Avec les mots des pauvres gens, comme chantait Ferré…

Histoire, au milieu de nos combats au long cours, de ne pas perdre la boussole, en dégonflant au passage quelques baudruches…

Il y a quelques décades, Charles Dumont fredonnait :

Une chanson
C'est peu de chose une chanson
Mais dis-moi c'que nous ferions
S'il n'y avait plus de chansons…

Jean Desfonds

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