L’APRC face à elle-même – AG 2022

Nous sommes devant une question cruciale : il y a un renouvellement nécessaire à opérer dans nos instances et dans notre fonctionnement. Au fil des ans, l’APRC est devenue majoritairement une association de retraités, ce qu’elle n’était pas par le passé. Lorsqu’en 1978 les premiers statuts ont été signés, les adhérents étaient pour la plupart en activité ; 40 ans après, la situation s’est inversée par une stupéfiante fidélité à une cause juste. On doit saluer cette continuité. Elle nous porte aujourd’hui.

Le vieillissement naturel de nos effectifs a entraîné une inversion de nos points de vue : l’objectif premier de l’association, à savoir l’obtention d’une retraite convenable pour tous, devait préparer l’avenir, il est devenu une revalorisation des pensions déjà liquidées. Ce sont les actions en justice qui sont venues prendre le relais, avec l’espoir que le règlement de situations individuelles fera plier la CAVIMAC et, par un effet de nombre, entraînera la revalorisation de toutes les pensions, selon ce qui est juste. Ceux qui s’engagent dans une action judiciaire sont, sauf exception, encore dans la vie active. On retrouve là une perspective fondatrice de l’action de l’APRC.

Notre détermination dans la durée, nos actions en justice ont fait évoluer la CAVIMAC, en matière d’affiliation : le culte catholique a fini par imposer à la caisse d’affilier les novices et les membres des associations de fidèles dès le premier jour de leur entrée en institution, puis ce fut le tour des postulants et des familiers, en 2014. La revalorisation des retraites déjà liquidées, tant pour les sortis que pour les restés attend encore. C’est extrêmement frustrant pour ceux qui se sont tant battus pour leurs droits sans rien obtenir, sinon une aide « charitable » sous la forme de l’USM2 ou de l’ACR. On comprend leur amertume.

En la matière, le culte catholique se révèle expert en discours sur le partage, avec les pauvres en particulier, mais quand il faut mettre la main au portefeuille durablement et respecter le droit, il a vite fait de tourner la tête et de continuer à parler pour ne pas avoir à écouter et surtout à entendre. Nous avons obtenu des avancées, mais pour d’autres que nous. Nous sommes sortis du système et celui-ci n'a de cesse que de nous tenir à distance, à bout de gaffe.

Si nous regardons de plus près notre situation, un paradoxe apparaît : tandis que nos nouveaux membres sont très majoritairement au travail ou en reconversion, les membres les plus actifs au sein de l’APRC sont tous des retraités, pour la plupart septua- ou octogénaires. Il y a là un dysfonctionnement qui devient alarmant au fil des années, car beaucoup des dossiers que nous avons à traiter concernent les plus jeunes. La retraite, en effet n’est pas d’abord l’affaire des retraités, mais bien de ceux qui ne l’ont pas encore liquidée, de ceux qui sont encore en activité.

Devant les changements indispensables, tant au CA de l’APRC que comme représentants des AMC au CA de la CAVIMAC, il devient urgent que vous qui êtes les premiers concernés vous engagiez et qu’à terme vous preniez les commandes. C’est inéluctable si nous voulons pouvoir encore demain défendre les droits de ceux qui en ont besoin. Jusqu’à présent, nous vous avons conseillé et soutenu, nous vous conseillons et nous vous soutenons, maintenant, dans tous les cas, nous avons besoin de vous.

Nous sommes prêts à revoir complètement, s’il le faut, notre fonctionnement : les réunions du CA peuvent se faire aussi par des moyens, à des heures et des jours qui vous conviennent. Ce sera à étudier. La prise en charge des dossiers doit évoluer concrètement dans les régions concernées. Il nous faut encore nous allier à d’autres associations pour faire prendre conscience que les demandes en matière de retraite ne sont pas affaire de petits arrangements concédés par charité, mais le rétablissement de ceux qui en ont été lésés de leurs droits sociaux ; c’est un élément puissant de reconstruction personnelle et c’est une tâche urgente quel que soit l’âge : la durée de la carrière professionnelle en dépend, ainsi que les revenus futurs.

C’est un cri d’alarme que je lance. Il faut tous, quel que soit notre âge, rester vigilants. Nos adversaires sont coriaces, ils ont le temps pour eux et attendent que nous baissions la garde par d’apparentes concessions. Nous devons continuer sans relâche à nous battre pour que nos droits soient reconnus et respectés. Il y va de notre dignité, il y va de l’avenir des uns et des autres.

 

 

Jean-Pierre MOUTON, Plerguer le 05/05/2022

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