L’APRC, une force humaine tranquille et efficace

Le 7 novembre dernier, au Pôle social du tribunal judiciaire de Bourg-en-Bresse, nous étions huit de l’APRC pour soutenir et accompagner une de nos adhérentes qui comparaissait pour la deuxième fois devant cette juridiction dans le but de faire valoir ses droits à la retraite. Le lendemain, touchée par la présence dans notre petit groupe d’une amie qui fut pendant des années membre de la même association de fidèles, elle écrivait : « Ça me semble incroyable à chaque fois de me dire qu'on se retrouve là, dans ce combat, après avoir vécu ensemble dans la même communauté, puis s'être éloignées quand j'ai quitté la communauté, et nous voilà au palais de justice, tentant d'obtenir réparation d'une parcelle seulement d'un préjudice dont nous n'avions même pas conscience. Quelle histoire ! ».

Cette phrase condense en quelques mots ce qui fut sans doute le parcours de beaucoup d’entre nous. Il aura fallu que nous sortions des communautés, des diocèses et autres collectivités dans lesquelles nous avions vécu en toute bonne foi, et souvent avec enthousiasme, pendant des années, pour que nous prenions conscience du préjudice subi en matière de retraite. Oui, quelle histoire ! Et plus encore pour les nombreux adhérents qui depuis 2006 ont entamé un parcours judiciaire. Une démarche qui s’apparente à un véritable parcours du combattant. Des heures et des heures qui se comptent en jours et en semaines pour monter son dossier, le préciser, l'étoffer. Et surtout des mois et des années de procédure devant les différentes instances judiciaires (pôle social, cour d’appel, cour de Cassation, etc.). Lors de notre dernière assemblée générale, nous avons rappelé que chaque requérant reste responsable et maître de son dossier. Mais nous avons souligné en même temps l’importance que la personne ne soit pas seule, mais soutenue, épaulée, aiguillée, en un mot accompagnée par une équipe. Les membres de la commission juridique de l’APRC, bien sûr. Mais aussi les membres de l’équipe locale ou régionale qui doivent apporter leur concours dès le début de la procédure.

C’est dans ce but que nous avons organisé le 15 octobre à Lyon une journée de formation juridique à laquelle ont participé onze personnes de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Huit d’entre elles ont été ou sont actuellement engagés en procédure, et/ou sont d’accord pour accompagner d’éventuels nouveaux requérants. Parmi les présents, une avocate du Barreau de Lyon, déjà avertie des problématiques mettant en cause les institutions cultuelles et qui reconnaît l’expertise que notre association a construite au fil des années. Au cours de la journée, nous avons travaillé à partir des dossiers de deux personnes de la région, dont l’une était présente. Nous nous sommes engagés à nous atteler ensemble à la rédaction des prochaines conclusions sur ce dossier. Ceci afin de soulager le travail de la commission juridique. A ce sujet, il est important de signaler que la journée a démarré par un parcours documenté sur l’histoire de la CAVIMAC, cette caisse « si particulière », créée à la demande du culte catholique et qui continue de se référer aux critères religieux dictés par celui-ci, au mépris de la loi civile. Rappel historique indispensable pour comprendre d’où proviennent les anomalies du régime et la situation à laquelle nous sommes toujours confrontés aujourd’hui. Là aussi, quelle histoire !

L’expertise de notre association est sans aucun doute le fruit d’un travail collectif, basé sur l’échange et le partage des compétences. Mais qui ne saurait porter ses fruits sans ces liens d’amitié et de solidarité qui se tissent entre ses membres au fil de ce combat. En témoignent les remerciements adressés par notre adhérente citée plus haut au lendemain de l’audience au tribunal : « Je suis tellement touchée à chaque fois par la disponibilité et la bienveillance dont font preuve les membres de l'APRC. Le ton est toujours ajusté, c'est doux et amical, et ça fait chaud au coeur. C'est rare. Merci ! … Je sais que ce n'est pas fini. Il y aura surement un appel, d'où qu'il vienne. Mais cette force humaine, tranquille et rudement efficace et professionnelle de l'APRC permet de continuer ».

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