« L’essentiel des signalements pour dérives sectaires porte sur des communautés nouvelles »
« L’essentiel des signalements pour dérives sectaires porte sur des communautés nouvelles »
C’est ce qu’affirme Mgr Alain Planet, évêque de Carcassonne dans un interview au journal La Croix, publié le 2 juillet. Après six ans à la tête de la cellule chargée des dérives sectaires au sein de l’épiscopat, il dresse un état des lieux du phénomène dans l’Église de France. « Il est indiscutable que les signalements ne portent que très rarement sur des congrégations ou des communautés anciennes, affirme-t-il. Et si cela arrive, il s’agit plutôt d’abus d’autorité vite réparés. L’essentiel des signalements porte sur des communautés nouvelles, soit issues du Renouveau charismatique, soit de la mouvance traditionaliste ». Toutefois, l’interview ne fait pas mention de l’absence de versement de cotisations sociales qui caractérise nombre de ces communautés nouvelles. Faut-il en conclure que priver des citoyens de leur droit sociaux n’est pas une dérive sectaire et ne relèverait pas des compétences de la cellule ?
« Il s’agit d’abus d’autorité vite réparés ». Je réagis à cette phrase qui m’a heurtée à chaque fois que je suis revenue aux quelques lignes ci-dessus.
Bien sûr, tout dépend des balises posées autour de l’exercice de l’autorité et, de ce point de vue, il est bien possible que les communautés anciennes soient mieux armées que les communautés plus récentes, où l’autorité du fondateur ne souffre (ou souffrait jusqu’à récemment ?) aucune contradiction.
Dans ce deuxième cas, il est faux de dire que les abus d’autorité soient vite réparés : ils aboutissent à la destruction des personnalités, ce qui est très difficile et très long à réparer, si on y arrive …
Alors, comment a-t-on pu laisser de telles choses se perpétuer pendant des décennies (oui ! et jusqu’à soixante-dix ans pour une communauté que je connais bien et dont les incessantes « recherches » n’ont pas encore abouti …) ? Comment a-t-on pu laisser de telles choses se perpétuer longuement, alors qu’on avait dans les communautés anciennes – d’après l’évêque cité ci-dessus – tous les outils nécessaires au discernement de ce qu’il se passait et les moyens pour y remédier ?
Peut-être les choses ne sont-elles pas aussi simple que le dit l’évêque. Peut-être – et d’après des témoignages récurrents lus ici et là, y compris récemment sur le forum de l’APRC – que l’écrasement des personnes est (ou était ?) une pratique courante et ancienne dans bien des communautés et depuis longtemps.
Simplement les gens ne disaient rien et s’éteignaient dans l’indifférence générale pour le plus grand bien de l’institution.
Après tout, cela ne concernait sans doute que les plus faibles … Peut-être même était-ce de leur faute, après tout …