Mon Espace santé
Personne n’échappe à l’envahissement du numérique dans son quotidien. Après les impôts, les banques, les sites commerciaux, pourquoi pas la santé ? C’est chose faite avec la mise en œuvre de « Mon Espace santé » à compter du 3 février 2022. Actuellement une vaste campagne de publicité invite les assurés sociaux à son activation. Pour moi, c’est chose faite depuis la réception du mot de passe provisoire. Plus facile ainsi d’en parler et de vous proposer un récapitulatif de cette nouveauté.
« Mon espace santé” est « un carnet de santé numérique individuel mis à disposition de 69 millions d’assurés français pour leur permettre de stocker leurs informations médicales et les partager avec les professionnels de la santé ». Il est créé automatiquement par le système de santé.
1er point : Son activation est libre.
“Mon Espace santé” (MES) n’est pas obligatoire. Il est tout à fait possible de le refuser dans les 6 semaines qui suivent la réception du code d’activation que chacun doit recevoir soit par e-mail, soit par courrier postal. De plus, il peut être fermé à tout moment. La procédure est clairement expliquée en cas de refus.
2ème point : La procédure de création du compte est simple
Grâce au code personnel reçu et les données de la carte vitale à porter sur le site dédié.
3ème point : Que stocker sur MES ?
- Les résultats médicaux : compte-rendus de radiologie, prises de sang, d’hospitalisation, etc,
- Les antécédents : allergies, ordonnances, traitements médicaux, interventions chirurgicales,
- Les directives anticipées et le nom de la personne de confiance,
- Un agenda : celui des rendez-vous médicaux,
- Une messagerie pour recevoir des informations personnelles de la part des soignants,
- L’historique des remboursements effectués par l’Assurance maladie
- Les attestations de vaccination et les résultats des tests anti-Covid,
- B. : Pour les titulaires d DMP (Dossier médical partagé) l’historique des soins est renseigné automatiquement et intègre les injections de vaccins Covid.
4ème point : la protection des données :
D’un point de vue éthique, qu’en est-il de la protection de nos données de santé personnelles ? De leur stockage ? De leur accès et de leur partage informatique ? Elles sont conservées en France. Le Ministère de la Santé donne beaucoup d’explications à ce sujet.
Il affirme : « elles ne pourront être accessibles que par les personnels de santé dûment habilitées par le titulaire du compte ».
Une question se pose alors : est-ce que les usagers sont d’accord pour partager l’intégralité de leurs données de santé avec l’unité désignée par le terme “équipe de soins”, c’est-à-dire toute la chaîne des professionnels de santé qui participent à la prise en charge d’un patient, depuis le diagnostic jusqu’à sa guérison complète ? ». Cela va donc du médecin traitant aux soignants exerçant dans un établissement de santé (hôpital, clinique, etc), aux médecins spécialistes, radiologues et spécialistes de l’imagerie médicale, consultés ainsi qu’aux professionnels paramédicaux (kiné, infirmières, laboratoires) mais aussi aux soignants participant à une prise en charge d’urgence.
Il faut savoir que l’article L 110-4 du Code de la Santé Publique prévoit que « le consentement du patient est supposé accordé pour les professionnels participant à cette équipe de soins ». Ils n’ont donc pas l’obligation de lui demander, au préalable, son consentement pour lui assurer sa prise en charge.
S’il est vrai que ce nouveau service numérique devrait permettre à chacun de contrôler ses données de santé et de les partager en toute sécurité pour faciliter son suivi médical au quotidien, il faut se rappeler qu’un patient garde toujours la possibilité de retirer son consentement à tout moment. Qu’il est libre de rentrer les données utiles à son suivi médical. Pas nécessaire de tout dire, mais dire ce qui permet des soins prodigués en toute sécurité : indication, par exemple, d’une allergie à un médicament pour éviter une catastrophe …
Il lui est également possible de demander à son médecin traitant de masquer (sans supprimer) certaines informations aux yeux d’autres soignants que lui-même.
L’heure de la fin de vie sonnera immanquablement pour chacun d’entre nous. Il est absolument indispensable d’avoir rédigé ses directives anticipées, ses souhaits personnels concernant les soins palliatifs, de les avoir enregistrés sur ce site. Cela permet à chacun de rester libre de ses choix, d’éviter à l’entourage d’être confronté à des décisions cornéliennes et à des disputes familiales dans un moment aussi grave. Si “Mon Espace santé” peut être vraiment utile, c’est bien là, dans ce domaine de la fin de vie qu’il ne faut pas se faire voler. Bien entendu, le corps médical vous en saura gré, car il saura quoi faire ou non le jour venu.
Pour le moment, il n’existe pas d’application pour les téléphones portables. À chaque fois il faut aller sur le site dédié et pour une connexion sécurisée, un numéro de code nous est adressé soit par mail, soit par SMS. Il suffit alors de le noter dans le cadre réservé à cet effet. Cet inconvénient sera probablement corrigé dans les prochains mois. J’ai noté aussi qu’il n’y avait pas de lien entre le site “Ameli” et “Mon Espace santé”.
Personnellement, je trouve que ce nouvel outil est facile à utiliser et à remplir. J’ai pu constater que la consultation et les analyses faites cette semaine ont été portées automatiquement dans mon espace ainsi que le traitement prescrit dès lors que j’ai utilisé ma carte vitale.
Par contre, pour faciliter les prises en charge accidentelles, par exemple, j’ai enregistré la carte européenne d’assurance maladie, mon attestation de mutuelle, ma carte de groupe sanguin, mon certificat de vaccination antitétanique ainsi que le nom de ma personne de confiance et mes directives anticipées.
Petit rappel : “Mon Espace santé” est proposé, rien n’est imposé… Je l’ai accepté pour ma sécurité sanitaire. Après chacun est libre de ses choix...Comme toujours, il y aura les « pour » et les » contre »…
Isabelle SAINTOT
15 mars 2022
J’ai également pu accéder à mon compte… il m’a fallu une bonne demie heure… J’ai retrouvé les directives anticipées que j’avais précédemment transmises sur mon DMP=Dossier Médical Partagé que j’avais ouvert voici trois ans et qui va devenir sans objet.
Du côté des “pour” un article au journal La Croix ce témoignage: Fondateur de l’Apssis (Association pour la promotion de la sécurité des systèmes d’information de santé), Vincent Trély relativise : « C’est plutôt aujourd’hui que c’est le bazar ! Les données de santé sont éparpillées partout, transitent sur des messageries publiques, fuitent chaque semaine des hôpitaux… » Président de France Assos Santé, qui regroupe 83 associations de patients, Gérard Raymond abonde : « On ne perd pas nos données, on les récupère dans un coffre-fort dont on a la gestion. »
Du côté des réticents dans le même article: Adrien Parrot, de l’association InterHop, regrette la centralisation des données sur un seul serveur « qui devient alors un point d’accroche, presque un Graal pour un hackeur ». Et s’interroge sur le « flou » qui règne encore sur un « projet de cette ampleur », notamment à propos des services qui pourront intégrer le catalogue d’applications.
Syndicat de la médecine générale (SMG) dénonce pour sa part: “un « passage en force » et interroge : « Que penser d’une société où quand on ne dit pas non, c’est que c’est oui ? »