Rapport 2022 de la Miviludes : constats et interrogations

Le dernier rapport d’activités de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires pour l’année 2021 vient d’être rendu public ce 3 novembre 2022. Le parcourir est riche d’enseignements à tout point de vue. On peut le consulter ici.

Un nombre record de saisines en 2021

On apprend ainsi qu’en 2021, le nombre des saisines de la Miviludes a atteint un nouveau record : 4.020 saisines, soit 33,6% de plus qu’en 2020. Une grande partie de ces saisines est liée à des dérives thérapeutiques, à des formes d’embrigadement dans des réseaux complotistes (antivax et autres), avec souvent à la clé des escroqueries financières. En ligne de mire aussi : le néo-chamanisme, la méditation de pleine conscience, et une galaxie de promesses d’un monde meilleur ou d’une transformation de soi alimentées par divers groupes ou gurus. Avec à chaque fois des phénomènes de manipulation et d’emprise mentale sur les personnes.

Le rapport constate également une intensification du prosélytisme religieux ou spirituel, spécialement sur les réseaux sociaux. On note que pas moins de 293 saisines concernent des mouvances chrétiennes, 99 les Témoins de Jehovah, 33 l’église de scientologie, entre autres.

La privation de droits sociaux : une dérive sectaire ?

La lecture de ce rapport soulève toutefois une interrogation. Puisqu’elle n’en fait pas mention, la Mission interministérielle ne semble pas être alertée sur une forme de dérive contre laquelle l’APRC se bat depuis des dizaines d’années : au mépris de la loi, et avec la complicité de la Cavimac, des collectivités religieuses privent leurs membres de leurs droits sociaux en omettant durant des années de les affilier au régime de retraite des cultes. Une dérive qui s’accompagne d’un recours abusif à la solidarité nationale et qui maintient les individus sous emprise.

Ceci soulève une autre question : qui sont les interlocuteurs de la Miviludes ?

À la page 158 du rapport, dans le chapitre sur la « Coopération avec les partenaires nationaux et internationaux » on découvre les logos de diverses associations et organismes partenaires, parmi lesquels ceux de l’AVREF et de Sentinelle, et même - surprise - celui de la Cavimac !

« Les différentes associations de lutte contre les dérives sectaires interviennent de manière parfaitement complémentaire aux côtés des acteurs étatiques et locaux. Elles constituent un relai efficace entre les agents de l’État et les victimes. Elles contribuent également à la détection de dérives sectaires et sont à ce titre des correspondantes essentielles pour appréhender et suivre ce phénomène » (p. 158).

L’APRC ne devrait-elle pas se faire davantage connaitre auprès de la Miviludes ? Pourquoi ne pas inviter un représentant de la MIVILUDES à notre prochaine AG ? Est-ce que ce ne serait pas le meilleur moyen de faire connaitre notre action et de voir la privation de droits sociaux reconnue au nombre des dérives sectaires?

Un appel à projet pour soutenir la lutte contre les dérives sectaires

A la page 127 du rapport on découvre la liste des lauréats de l’appel à projet que la MIVILUDES avait lancé en 2021.

Un nouvel appel à projet a d’ailleurs été lancé en juillet 2022. Hélas, la limite d’envoi des candidatures était le 15 septembre 2022 ! Voir

« Cet appel à projet a pour but de soutenir les actions permettant de mieux connaître les risques sectaires pour améliorer la prévention la détection et rendre plus efficiente l’action des pouvoirs publics, ainsi que la prise en charge des victimes. L’appel à projet s’adresse aussi bien aux associations loi 1901 qu’aux organismes de recherche. »

Si un nouvel appel est lancé l’an prochain, l’APRC ne pourrait-elle pas candidater, par ex. pour financer des journées de formation juridique destinées aux personnes victimes de non-affiliation abusive au régime social de cultes ?

Michel NEBOUT

...