Rien ne va plus… vraiment ?

Dernière victime en date à se plaindre, un évêque pour un de ses confrères et du coup pour lui-même et tous les hiérarques diocésains de l’Église de France : "On a envie de dire : ayez pitié de nous, nous ne sommes que des humains. On n'est pas meilleurs que les autres. En ce moment, c'est un peu limite." Monseigneur Hervé Giraud, archevêque de Sens-Auxerre poursuit : "Il y a aussi beaucoup de "bashing". On serait responsables de tout. Dans les affaires de viols et d'agressions sexuelles, ce sont des évêques plus âgés que nous qui sont responsables. Malheureusement, c'est nous qui héritons de ce fardeau. Je vois bien, avec les victimes que je reçois : c'est nous qui devons assumer tout cela. Pourtant, on n'est pas moralement responsables, mais c'est malgré tout notre devoir de les écouter et de les prendre en charge. On a une sorte "d'héritage", une charge mentale. Certaines nuits, on ne dort pas bien."i

De son côté l’hebdomadaire le Point relaie les souffrances des prêtres diocésains actuellement en charge des paroisses. Ainsi Franck Legros du diocèse d’Évreux qui, après vingt ans de sacerdoce, a décidé de tout plaquer et d’écrire au Pape François. La lettre est restée sans réponse, alors il entend se battre : « On demande aux prêtres qui quittent leur ministère de partir sur la pointe des pieds. Mais je ne me tairai pasii

Faisant état de ces réalités, une adhérente de l’APRC témoignait : « Merci Jean, C'est bien de s'occuper des prêtres en activité... Il y a beaucoup à faire pour les laïcs et notamment les femmes laïcs qui travaillent dans les milieux ecclésiaux. Il y a beaucoup de souffrances là... Il y a vraiment un ras le bol assez général... »

Un ras le bol que les anciens de l’APRC vivent depuis trente ans. Au début de la mise en place du régime spécial de Sécurité sociale des cultes, ils espéraient que les concertations aboutiraient. Mais au bout de dix années, il fallait se rendre à l’évidence : évêques et supérieurs de congrégations religieuses acceptaient les mesures de charité qu’elles décidaient, mais non les engagements de bonne application à tous d’une retraite égale au smic net au prorata du temps passé dans leurs institutions.

Nous ne voulions pas nous taire… nous n’étions pas entendus… tandis que les diocèses et congrégations aggravaient encore les mauvaises applications de la loi du 2 janvier 1978 par son droit canonique. Il en résulte aujourd’hui, le drame de tous les trimestres non cotisés dans les collectivités religieuses… Et cette réalité là concerne aussi les Laïcs en mission ecclésiale (LEME- très majoritairement femmes) que les diocèses emploient en « contrat de bénévolat ». Des contrats susceptibles d’être requalifiés, mais qui pourraient plus simplement entrer dans le cadre de la loi du 2 janvier 1978iii.

Le malaise des évêques et des prêtres serait-il de nature à changer leur regard et leur façon de raisonner et d’agir ? C’est tout un système qui est à repenser, plus seulement comme c’est régulièrement le cas au Conseil d’administration de la Cavimac en fonction d’un point de vue employeur mais d’abord en fonction du point de l’assuré social en tant que tel.

Ces évêques et ces prêtres en burn-out ont besoin de la Sécurité sociale… parce qu’ils constatent que rien ne va plus… sont-ils vraiment en mesure d’entendre celles et ceux qui savent plus que d’autres les défaillances du régime qu’ils ont mis en place avec l’objectif premier de cotiser le moins possible à la solidarité nationale.

Jean Doussal

 

i D’accord mais c’est peu facile de nous ressortir le « responsable mais pas coupable » quand le système est en cause… et qu’à la place de leurs ainés ils auraient fait de même ! Retrouver le témoignage.

iiMarie Bordet et Violaine de Montclos, Prêtres au bord de la crise de nerf, in le Point n°2628-2629, 15 et 22 décembre 2022

iiiJe sais que mon point de vue n’est pas toujours partagé… mais je pars des expériences de terrain : beaucoup de ces LEME acceptent ce genre de contrats, et les trouvent normaux dans leur situation de spiritualité et de générosité, sans se rendre compte des risques futurs, divorce et absences de trimestres au moment où ils demanderont à liquider leur droit. Une situation qui fut aussi la notre, lorsque nous étions dans la vie religieuse : après tout pourquoi on accepte de considérer que les prêtres, religieux et religieuses se proclament « bénévoles » tout en cotisant à la Cavimac qui leur assure une protection sociale complète, du moins en théorie, mais c’est une autre histoire.

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